La charte de l'équipeur Corse
Suite à une réunion le 12 mars 2004 ayant rassemblé un grand nombre d’équipeurs insulaires, et à l’élaboration de propositions le 23 mars 2005 par l’association Corsica Roc, la présente charte a été transmise par le Comité Régional le 5 avril 2005 à tous les clubs FFME insulaires pour avis.
Elle fait aujourd’hui foi de position officielle du Comité Régional Corse de la FFME.
Cette charte n’a pas vocation à remettre en cause l’existant mais à établir une ligne de conduite pour l’avenir.
La charte de l’équipeur
• Intégrer son action dans les priorités du plan local d’équipement.
• Rencontrer tous les partenaires utilisateurs du site.
• Respecter le classement du site.
• Se soucier de l’environnement.
• Ne pas équiper systématiquement et de manière équidistante toutes les lignes possibles sans se soucier de leur intérêt et de leur logique.
• Ne pas modifier le rocher sauf purge.
• Respecter l’ambiance des anciennes voies : ne pas couper, ou ouvrir une voie moderne trop près d’un itinéraire classique intéressant.
• Respecter la classification du site : site sportif, terrain d’aventure, blocs.
• Le rééquipement des anciennes voies régulièrement parcourues doit, soit se faire à l’identique (remplacement des ancrages vétustes), soit en respectant au maximum l’engagement antérieur (même nombre total d’ancrages dans chaque longueur).
Cette exigence doit être modérée dans le cas de voies de niveau moyen peu nombreuses dans un massif où il est impossible d’en ouvrir d’autres du même niveau. Sur ce point, d’une manière générale, il s’agit de respecter l’ouvreur et l’esprit dans lequel la voie a été ouverte.
• Laisser délibérément en l’état les grands terrains d’aventure. Ce point a été débattu, et il a effectivement été jugé nécessaire de le mettre en évidence en formalisant une liste de massifs susceptible de s’inscrire dans cet esprit de terrain d’aventure (vierge de tout nouveau spit) : Cintu, Paglia Orba, Capu Tafunatu, Capu d’Ortu, Punta Pulischellu, Petra Sulana, Gio Agostino, Candelloni, Face Nord du Tafunatu di Paliri.
• S’agissant du matériel à installer, dans un souci écologique, le recours systématique à l’inox s’impose pour toutes les actions à venir.
L’avis des auteurs du topo d’escalade Grandes voies de Corse
Nous souhaitons argumenter un point de la charte de l’équipeur qui nous tient particulièrement à cœur : « Laisser en l’état les grands terrains d’aventure. Suit la liste des sommets/faces où l’utilisation de spit est proscrite. »
Pourquoi cette mesure radicale et pas simplement : «Des spits seulement là où on ne peut pas se protéger autrement» ?
D’abord parce que cette dernière phrase ne veut rien dire. Elle est totalement dépendante de la subjectivité et du niveau de l’ouvreur, de sa capacité à l’engagement.
Ensuite parce que cette ligne de conduite (pas de spit) ne s’applique qu’à une toute petite partie du terrain de jeu insulaire, souvent reculée et se prêtant évidement à l’assurage naturel. Elle nous laisse la liberté d’utiliser le perfo comme bon nous semble sur 98% des parois de l’île.
Enfin et surtout parce que sans spit, le jeu n’est plus le même, l’échec est à nouveau possible et l’approche de l’ouverture en est totalement changée. Si je n’ose pas ici, j’essaye là et si ça ne passe toujours pas, je fous le camp et un autre, plus affuté, plus inspiré ou simplement plus couillu que moi osera peut être. C’est alors le rocher qui dicte l’engagement obligatoire et non plus la subjectivité de l’ouvreur qui perce lorsqu’il le juge nécessaire.Si le « pas de spit / no bolt » généralisé est une connerie élitiste, le non respect des quelques rares sommets préservés est un acte égoïste. Il y a de la place pour tout et tous.
Nous espérons que vous comprenez cette démarche et que vous, ouvreurs potentiels, saurez la respecter et l’apprécier.